Angoisse ou dépression ?

Nombreux sont ceux qui confondent angoisse et dépression. Mais il est vrai que, dans bon nombre de cas, les deux nous assaillent à la fois.

L’angoisse survient essentiellement dans les situations où l’on se trouve acculé. Acculé à réagir, acculé à prendre une décision. Mais une catastrophe qui nous tombe dessus sans que nous y puissions rien créera plutôt en nous un sentiment de dépression, d’accablement, de tristesse. Si nous craignons, par exemple, de perdre notre emploi, nous serons angoissés car rien n’est encore sûr : il existe peut-être des échappatoires, des moyens de l’éviter. Mais si nous sommes effectivement licenciés, nous cessons de nous en faire et devenons déprimés, abattus.
Lorsque l’on vit depuis longtemps dans l’angoisse, un sentiment d’impuissance finit par s’installer : l’avenir se bouche, on ne voit pas comment on se sortirait de cette situation. C’est ainsi que l’on passe insidieusement de l’angoisse à la dépression.

Est-ce à cause du stress que nous vivons dans la peur et dans l’angoisse ?

Qu’est-ce que le stress ?

Il n’est guère de mot du vocabulaire scientifique qui ait été plus galvaudé. Livres, émissions, articles de presse débattent des mille et une manières de « lutter contre le stress » : il faut se relaxer, bien dormir, faire du yoga ou du jogging, ne pas boire de café, ne plus fumer et manger des carottes crues. Mais qu’est donc le stress ?

Le stress, pour son inventeur, Flans Selye (1974), était « une réponse non spécifique de l’organisme à toute sollicitation ». Tout stimulus, toute donnée nouvelle, tout changement, bon ou mauvais, agréable ou désagréable, provoque une réponse de l’organisme. C’est cette réponse, cette nécessité de s’adapter à la situation nouvelle, cet effort nécessaire pour faire face qu’Hans Selye avait baptisé « réponse de stress ». Actuellement, c’est l’événement, le stimulus qui sollicite l’organisme que l’on a tendance à appeler « stress ».

Un accident est donc un stress, mais une bonne nouvelle, une victoire, une réussite également puisqu’elles nécessitent un effort d’adaptation. Par exemple, gagner au loto, réussir un examen, se marier, peuvent constituer des stress aussi traumatisants, aussi bouleversants que perdre son portefeuille, rater ledit examen ou se séparer après quelques années de vie commune.

Certains chercheurs ont même tenté de calculer la valeur d’un stress donné et d’évaluer ainsi ses conséquences sur l’individu. Par exemple, dans l’échelle de stress de Holmes et Rahe (dite « Life Change Events ») deux événements stressants servent de balise : le mariage, événement stressant important, vaut 50 points. La mort de son conjoint, considéré comme le stress le plus dramatique dans l’histoire d’un individu, vaut 100 points. Et, bien entendu, le calme plat vaut zéro.

A partir de là, un énorme travail statistique permet de conclure qu’un divorce vaut 73 points, un séjour en prison 63 points, qu’une grossesse représente un stress de 40 points, un exploit personnel marquant 28 points, un changement dans les conditions de travail 20 points ou une contravention 11 points.
Lorsque votre total de stress atteint 300 points, attendez-vous à une maladie dans les deux années qui viennent. Entre 150 et 300 points, considérez-vous comme fragilisé !

Mais attention : tout cela n’a bien entendu de signification que statistique. Le divorce de M. Dupond ne se passera pas comme celui de Mme Durand et M. Jacques ne vivra pas sa dette de 100 000 € et plus (31 points dans l’échelle de stress) comme Mlle Robert. Car l’intensité d’un stress, nous y reviendrons plus loin, est surtout fonction de l’image que l’on s’en bâtit et il ne s’agit donc pas de prendre les chiffres de cette échelle au pied de la lettre ! D’ailleurs, d’autres échelles existent qui ont des cotations différentes. C’est ainsi que dans le « College Schedule of Recent Life Experience » de Anderson, la mort de votre conjoint ne vaudra plus que 87 points au lieu de 100, mais celle d’un ami cher passera en revanche de 37 points à 68 !

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